Etape du Tour 2018 : la mise en place

Grande nouveauté cette année, une première participation à l’Etape du Tour. Le principe, 15 000 coureurs amateurs qui se lancent à l’assaut d’une étape du tour comme les pros 8-10 jours avant le passage du Tour de France. Le tout organisé par ASO.

Et côté inscription, il ne faut pas traîner car les dossards sont très vite attribués (moins de 24h). Et pour une fois j’ai été mis au courant de la date du début des inscriptions. Ce qui m’a valu d’ailleurs ce défi improbable et pas du tout volontaire. Je rappelle que le triathlon des Gorges de l’Ardèche, traditionnellement organisé fin Août a été décalé à début juillet en raison des championnats de France.

L’étape en question : Dimanche 8 juillet 2018 – Annecy /Le Grand-Bornand – 169km – D+4000m

Arrivés sur place à Annecy à 19h, nous sommes dans les temps et nous allons pouvoir récupérer le dossard tranquillement, les cadeaux du participant et profiter du village des exposants.

Une trousse pour les déchets, un tour de cou, un sac à dos. Comme c’est ma première participation, j’aurais préféré comme par le passé un maillot.

Petit tour des stands, de très beaux maillots Rapha, prix Rapha aussi (les connaisseurs comprendront).

Un petit tour chez Canyon, histoire de voir ce vélo dont je rêve tant, que j’ai commandé mais que le père noël n’arrive pas à faire passer par la cheminée (il est bête celui-ci aussi, mets-le dans le garage !).

Ensuite à la recherche d’un resto de pâtes, un peu galère mais nous atterrissons dans une pizzeria. Très appétissante, mais quelle lenteur de service !!!

Petite anecdote de ce repas, au gré de notre discussion, nous apprenons qu’à la table à côté de nous est assis un colombien qui a gagné l’Etape du Tour en Colombie. Il est donc invité par l’organisation pour participer à l’épreuve française.

L’accompagnateur nous précise qu’il est amateur de très bon niveau dans son pays. Il pense qu’il finira dans les 50 premiers.

Plus d’1h pour manger une assiette de pâtes et renoncer par découragement au dessert !

Nous finissons au Monop du coin (cool encore ouvert à 21h45 !) pour nous acheter un petit plaisir de fin de repas.

Encore 20km de route pour rejoindre notre location de la nuit aux Villards-sur-Thônes.

Couchés à 23h30 pour un réveil qui s’annonce matinal. Encore plus matinal lorsque j’ouvre mon enveloppe de dossard et m’aperçois que malgré les vérifications d’identité ils ont réussi à me donner le dossard d’un autre.

C’est en voyant le prénom sur le dossard que je me rends compte du problème. Pourquoi aurais-je écrit Tom ? Un œil sur le numéro, n°12379, forcément moi c’était le n°12378.

Une bouteille à la mer lancée à l’organisation sur fesses de bouc et nous règlerons cela demain aux aurores à Annecy.

Etape du Tour 2018 – Dimanche 8 juillet 2018 : l’avant-course

Ninnie me débarque à 5h45 sur les hauteurs d’Annecy, il me reste 10km de descente pour rejoindre le départ.

Repos du guerrier et petit-déjeuner pour elle, pour moi l’heure est venue.

Arrivé sur place, je rentre en contact avec l’organisation pour savoir comment faire. Au final, solution simple et raisonnable, je cours avec ce dossard et je demanderai la correction à posteriori.

Petit stress écarté, je n’ai plus qu’à attendre patiemment 1h30 avant le départ.

 

15 sas de 1000 concurrents, je suis donc dans le 12ème sas si tu as bien fait le lien avec mon numéro de dossard.

Superbe temps, pas de chaleur, le long du lac d’Annecy, bref une belle journée qui s’annonce. Notre SAS doit s’élancer à 8h. Nous aurons donc 12h pour rejoindre la ligne d’arrivée du Grand-Bornand et avoir la fierté d’être Finisher !

En ce matin, j’ai décidé d’organiser mon 1er cyclomeetic, voici mon annonce sur le réseau social des pédaleurs :

« Si ton surnom c’est « Gros mollets » ou « Gros cuissots », si tu as un gros pétard, que tu es une baraque genre 1m85-1m90, que ta spécialité c’est d’envoyer du lourd sur la grosse plaque comme le train de l’US Postal de la grande époque, tu m’intéresses ! »

Eh oui, aujourd’hui, pas les moyens de jouer les cadors après l’entrée de la veille, place au plat de résistance, il faudra passer les vallées au chaud dans les roues des cyclos.

Alors je te présente le profil parfait, Jean-Raph.

2 fois mon gabarit, de quoi bien m’abriter, de beaux mollets et cuissots XXL pour emmener du 52-11 facile en plaine. Pas sujet aux flatulences donc pas de risques d’asphyxie, je te like, je te follow, faisons route ensemble !

Et les Jean-Raph, je ne vais cesser de les traquer pendant toute cette journée dès lors que la plaine se profilera. Il faut savoir rouler intelligemment quand les moyens sont limités.

Et après, dans les cols je prends le relais, ce n’est pas de ma faute si Jean-Raph ne peut pas prendre ma roue…

Etape du Tour 2018 – la course

Comme prévu, l’organisation est réglée au millimètre nous sommes lâchés à 8h précise.

Musique et bande sonore qui conditionnent : à te retourner le cerveau ! Quelques petits extraits : « Toi aussi, tu en as rêvé, tu t’es préparé des heures et des heures, tu veux rentrer dans la légende…. »

Eh oh, on se calme, comme dirait l’autre : on n’envoie pas non plus des fusées sur la lune !

La première partie c’est donc une spéciale Jean-Raph, 25km autour du lac, spécial gros mollets, moyenne 38-39km/h au chaud, ce qui correspond à un effort solitaire de 30-32km/h.

Et là, je me régale, j’économise toutes mes forces tout en ayant l’impression d’être un gros rouleur.

Arrivés à Talloires, changement de décor, première bosse violente de 1,5km un peu plus de 6%, à froid ça pique toujours un peu. Du coup, c’est un peu l’embouteillage même si cela reste raisonnable.

On enchaîne ensuite sur la côte de Bluffy, toujours 6% sur 2,2km.

Etape du Tour 2018 – Col de la Croix-Fry

Direction Thônes et les premières pentes du 1er véritable col de la journée, le col de la Croix-Fry dont voici le profil ci-dessous, on rentre dans la véritable montagne.

L’objectif est très basique, rouler à l’économie le plus longtemps possible et garder un maximum de force pour les 35 derniers kilomètres qui sont redoutables en fin de course.

Je monte donc à un train de sénateur comme on dit dans le jargon, ou autrement dit, on en garde sous la pédale !

13km/h je suis bien, je déroule et j’admire les paysages. C’est un sacré échauffement tout de même ce col de la Croix-Fry. Avec ses 13km, il va laisser des traces et même de grosses traces (bye-bye mon chef, les crampes ont eu raison de lui).

Arrêt photo en haut, petite pause rapide pour remplir les bidons. Direction La Clusaz pour le 1er ravitaillement solide.

La descente est très courte, dommage car elle n’est pas dangereuse. Je m’en donne à cœur joie !

Si j’ai bien retenu une leçon de la Time Megève Mont Blanc, c’est en voyant David Moncoutié, ancien coureur professionnel, au ravitaillement.

Il a dégommé le ravito, et ça je l’ai bien retenu. Du coup, je suis généreux : bananes, amandes, fromage à raclette et pains, je m’offre un premier bon casse-croûte.

Avant de repartir, petite pause touristique pour contribuer à l’enrichissement des sols locaux.

Il est maintenant tant de partir vers le premier HC (hors catégorie pour les footballeurs) de la journée : le plateau des Glières, haut lieu historique de la résistance pendant la seconde guerre mondiale.

J’ai pris une bonne avance sur le timing, c’est important pour la suite.

Etape du Tour 2018 – Plateau des Glières

Nous changeons véritablement de braquet. 11% de moyenne sur 6km, c’est un véritable mur sans aucun répit.

L’ascension se fait à l’ombre fort heureusement. Les dégâts sont rapides et de nombreux cyclistes se transforment en randonneurs.

Je poursuis ma ligne de conduite, monter en retenue, même si avec des pourcentages aussi raides, c’est plus difficile.

Je me sens toujours bien, c’est le véritable indicateur.

Au sommet, il nous reste cette virée de 2.5km sur un sentier de montagne qui donne lieu à un moment inoubliable dont je vous laisse apprécier les images.

J’envie ceux qui ne participaient pas à la course et qui ont pique-niqué sur place, un décor et un temps de rêve au milieu de la faune et de la flore de montagne.

Pour nous, c’est descente très technique vers la vallée. Dans la vallée, nouveau ravitaillement solide, et rebelote, je mets le paquet, casse-croûte acte 2.

Puis nous enchaînons immédiatemment avec une difficulté moindre, le col de Fleurie, 6km à 4.6% qui paraissent bien faciles après la montée de Glières.

Mais vigilance, ne pas s’emballer, toujours la même stratégie, petit coup de frein à main, il reste encore le difficile col de Romme et le col de la Colombière pour finir.

Après le col de Fleurie et la descente nous entamons plus de 30km de routes plates, je repars à la quête de mes cyclomeetics les fameux Jean-Raph !

C’est d’ailleurs là, en fait, que je rencontre Jean-Raph celui dont je te parle depuis le début. Certes, ce n’est pas lui la locomotive, mais comme wagon il offre un bel abri.

Nous faisons ces 32km entre Bonneville et Cluses à 36km/h de moyenne, merci mon Raphounet ! L’heure est au repos et à la concentration avant les 2 dernières ascensions redoutables de la journée.

Juste avant le départ du col de Romme se trouve un nouveau ravitaillement, casse-croûte acte 3.

Toujours les mêmes gourmandises, gaufrettes bien sucrées, bananes et amandes pleines d’énergie, fromage de Savoie, on boit, on s’arrose la tête, les cuisses, les mollets il y en aura pour tous !

Etape du Tour 2018 – Col de Romme

Je repars donc à l’assaut de cette 4ème difficulté de la journée si on ne décompte pas les 2 premiers apéritifs.

Col de Romme : 8,8km à 8,9% de pente moyenne. Du lourd avec toujours un profil identique, très peu de répit à part au 4ème kilomètre.

La chaleur commence à monter en ce début d’après-midi, le col est quelque peu ombragé, nous avons de la chance. Les scènes de grosse fatigue commencent à se multiplier : coureurs avec des crampes couchés au bord de la route, des marcheurs, des pauses improvisées sur les bas-côtés.

Toujours pareil, même si les pourcentages sont raides, faire en sorte d’avoir le coup de pédale le plus souple possible, 8km/h de moyenne globale sur cette ascension, c’est du tranquille.

Ceci dit, celui qui a les moyens d’aller au-delà de 10km/h double déjà quasiment tout le monde, le rythme a très fortement ralenti.

Pour preuve dans cette ascension, je n’ai pas beaucoup de coureurs qui me doublent. Chaque pancarte intermédiaire est une étape de plus vers la médaille de finisher puisque je sais bien qu’ensuite il ne reste pas grand chose.

Passage au col de Romme et nous repartons pour une courte descente vers le Reposoir au pied du col de la Colombière.

Ultime arrêt ravitaillement solide, casse-croûte acte 4 : je n’en peux plus, j’ai mangé des bananes toute la journée, je crois que je vais me transformer en singe. On ne change pas une équipe qui gagne, on dézingue le ravito, on se rafraîchit et en route pour la légende !

Etape du Tour 2018 – Col de la Colombière

Il me reste 7,5km d’ascension, je peux maintenant tenter de donner ce qu’il me reste d’énergie dans les jambes.

Je passe plutôt pas mal les 4 premiers kilomètres mais les 3 derniers kilomètres en plein soleil avec des pentes de plus ou moins 10% sont vraiment difficiles au bout de 160 kilomètres.

Ce n’est pas grave, l’idée d’être au bout permet déjà de se focaliser sur autre chose et d’être content d’avoir réussi mon week-end Everest !!!!

Par manque de lucidité, il y a même un cycliste qui chute quasiment à l’arrêt.

Dernier petit plaisir de la journée, une belle descente, je suis encore très lucide pour m’amuser un peu et faire quelques pointes au-delà de 70km/h.

N’en déplaise au « Made in France », honnêtement mes nouveaux pneus sont bluffants, je m’amuse comme à la grande époque en descente dans une grande sensation de sécurité.

A 4km de l’arrivée, petit arrêt pour prévenir ma Ninnie de préparer les objectifs.

Elle m’alerte du fait divers qui va gâcher un peu la journée : incident sur la ligne d’arrivée au Grand-Bornand

Finalement, je rallie la ligne sans trop vraiment comprendre ce qui a bien pu se passer quelques minutes seulement avant mon arrivée.

La joie se mêle à une émotion un peu particulière tellement ce défi semblait un peu fou et impossible.

Tout n’était pas écrit, il n’y avait aucune garantie. J’arrive au bout et finalement je suis FINISHER !!!!!!!

Etape du Tour 2018 : résultats et bilan

Etape du tour bouclée en 7h52min28sec (casse-croûte compris) et 7h18 de roulage réel, soit 34 minutes de gueuleton tu l’auras noté !

Classement : 3508 ème / 12185 finishers

Ainsi s’achève un week-end très sportif, les larmes coulent pour ma Ninnie et moi, elle pour le coup de stress qu’elle vient de vivre et moi pour la satisfaction d’un belle histoire dont je suis plutôt fier.

Ce qui donne donc au cumul, 58 minutes de nage, 9h50 de vélo et 1h37min de course, 730km de voiture en 1 week-end, bel effort !

Au final, je m’en sors très très bien, je me surprends moi-même une nouvelle fois.

Pour les photos officielles c’est ici.

Etape du Tour 2018 – l’après-course

Nous recevons notre belle médaille de finisher tout de suite après avoir passé la ligne.

Un petit détour vers la pasta party, pourquoi ? Casse-croûte acte 5 !

Une belle assiette de pâtes bolognaise en soudoyant le chef pour qu’il ait la main généreuse. Accompagnée d’une bonne petite bière, une banane en dessert, mais la banane je ne peux plus la voir. J’en ai mangé pas loin de 10 au cours de la journée !

Retour à 20h35 à la maison, quel week-end !

Etape du Tour 2018 – la récupération, les jours d’après

La question que tout le monde se pose, marche t-il en canard ? A t-il dormi 15h d’affilée ?

Rien de tout cela, je n’en reviens pas : pas la moindre courbature et même la sensation de pouvoir refaire du sport dès mardi.

Par contre, lundi matin devant la glace, c’est impressionnant : je ne me suis jamais vu aussi sec de ma vie.

La suite, c’est quand même un peu relâche, je range le vélo et je prends ma truelle pour enchaîner sur un autre défi, le défi Valérie Damidot.

C’est parti pour le chantier cuisine de Danou en cette fin de semaine !

Merci à mes parents d’avoir gardé les enfants ! Merci à Ninnie d’avoir subi l’angoisse et l’ennui de l’attente tout ce week-end ! Merci aussi à elle de croire que je peux le faire car : YES, i did it !!!!

Et merci à vous tous pour vos nombreux commentaires sur fesses de bouc et pour vos prochains commentaires après cette lecture.

Prochain rendez-vous le 25 Août pour le triathlon courte distance de La Madeleine qui s’est auto-proclamé triathlon le plus montagneux de France.

Bref, encore un beau WE en perspective dans les Alpes.

Allez les bleus, maintenant on la gagne ! Pour Thierry, pour Johnny !

Sportez-vous bien et à très vite pour ceux que l’on croisera pendant la période estivale !