Triathlons et Cols Mythiques

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Triathlons

Embrunman : le mythe à la française

Lors de la présentation de ma saison 2022, je t’avais déjà évoqué cet objectif un peu dingue, l’Embrunman.

Pour bien comprendre de quoi l’on parle, il fallait donc en dire un peu plus.

D’abord, on est dans l’extrême, la très longue distance. C’est le format XXL : 3.8km de natation, 185km de vélo, 42.195km de course à pied, soit un marathon.

https://www.embrunman.com/

C’est le format qui revient dans toutes les bouches des personnes à qui tu dis : « Je fais du triathlon ». La première question qui vient après en général c’est : « Tu fais des Ironman? ».

Et comme si les distances ne suffisaient pas, on saupoudre de quelques ingrédients supplémentaires :

  • un départ de nuit à 6h du matin (remarque moi je nage pas droit, donc de jour ou de nuit ça ne changera pas grand chose 🙂 )
  • Un dénivelé positif stratosphérique de 5000m en vélo dont l’ascension du non moins mythique col de l’Izoard.
  • 400m de D+ sur la marathon qui ne sont pas énormes, sauf si l’on considère le programme qui précède.
Profil parcours vélo Embrunman
Embrunman – Profil vélo, au centre l’Izoard 🙂

La construction du mythe

L’Embrunman pour ceux de ma génération qui suivaient Stade 2 à l’époque (Vive le sport, hein Gégé !), c’est la seule fois ou presque de l’année que l’on parlait de triathlon dans cette émission sportive, avec peut-être les championnats du monde à Hawaï.

Cette légende s’est également construite grâce à des hommes. Peut-être les noms du français Yves Cordier ou de l’espagnol Marcel Zamora vous parleront. Ils sont codétenteurs du nombre de victoires dans l’épreuve : 5 ! Plus récemment Hervé Faure, vainqueur à 3 reprises, vient tout juste de se faire détrôner du record de l’épreuve. 10 ans qu’il avait établi le temps de référence de 9h34min10sec (battu en 2021 par Léon Chevalier – 9h28min18sec). Chez les femmes, Carrie Lester, australienne, a remporté sa 3ème victoire en 2021, qui en fait la plus titrée à Embrun.

Sa longue histoire a également construit ce mythe. En 2022, ce sera la 38ème édition, même si l’épreuve a évolué. C’est en 1990 que l’Embrunman adopte le format très longue distance.

Et par-dessus tout, ce qui en fait un truc à part, c’est la difficulté extrême de l’épreuve. Combien parmi ceux qui s’élancent peuvent affirmer qu’ils seront à l’arrivée ? La part d’incertitude est énorme, tant de choses peuvent se passer sur un effort si long.

Ici, tout le monde se côtoie. Les aguerris aux ultra distances qui viennent jouer le chrono. Les sportifs de bon niveau qui souhaitent inscrire cette ligne à leur palmarès et repousser au maximum leurs limites. Et puis ceux qui relèvent simplement le défi. Pas forcément expérimentés en triathlon, mais pour une histoire qui leur est propre, ils ont voulu relever ce défi de l’aventure hors norme et de l’effort extrême.

Embrunman, parmi les plus durs au monde ?

Aujourd’hui, l’Embrunman est considéré comme l’un des plus durs triathlons longue distance au monde parmi lesquels on peut également citer :

  • Le Norseman : natation dans les fjords norvégiens dans une eau à 10°C, une arrivée à 1880m d’altitude au sommet du Gaustatoppen après une dernière ascension de 10km. Je vous conseille de visionner ce reportage réalisé par France 2 en 2018.
  • L’Altriman : encore un autre en France, dans les Pyrénées, avec un dénivelé positif à vélo de 5 000m !
  • L’Ironman d’Hawaï : peut-être pas le plus difficile mais l’un des plus connus. Premier du genre, créé en 1978, il accueille chaque année le championnat du monde de la discipline.
  • L’Alpsman : Le petit nouveau qui construit encore sa renommée. Mais il a mis tous les arguments pour : le lac d’Annecy pour la natation, 4400m de D+ en vélo, une montée sèche de 17km vers le Semnoz pour terminer le marathon sous condition de faire sonner la cloche dans les délais (au maximum à 12h de course). Sans doute un peu clivante cette limite car elle n’autorise que la performance.

Pourquoi l’Embrunman ?

Revenons maintenant à moi. N’étant pas à une contradiction près, je n’avais jamais envisagé la très longue distance jusqu’à maintenant. Et puis, j’ai commencé à y songer en 2021, mais avec la situation Covid, je n’étais pas allé plus loin.

Et cette année, en préparant ma saison, je me suis fait la réflexion suivante : côté épreuves, je pense avoir coché toutes les cases, j’ai participé à de très belles épreuves dans des lieux magnifiques. Côté nouveautés, les choix s’amenuisent. Côté sportif, je m’amuse à défier mes propres capacités. Mais, de par l’investissement temps que j’y consacre, de par le fait que l’on ne peut pas remonter le temps, je suis sans doute de plus en plus proche de ce que je peux proposer de mieux.

Et puis enfin, défier le chrono n’était pas du tout mon objectif de départ. Lorsque j’ai décidé de participer à un premier triathlon distance S (600m de natation, 20km de vélo, 5km de course à pied à Villevêque en 2011), c’était d’abord et avant tout, participer à un défi, celui de terminer une épreuve qui paraît un peu hors du commun sur le papier : enchaîner 3 sports différents, se préparer simultanément pour les 3 disciplines.

Aujourd’hui donc, remettre de l’aventure et du défi et s’affranchir du chrono me paraissait beaucoup plus intéressant et faisait sens. Et ça, l’Embrunman peut me l’offrir.

Et les défis seront nombreux :

  • Physique : ne pas se blesser avant et pendant l’épreuve. Que le corps ne lâche pas : un genou, une hanche, une cheville, que sais-je ? C’est vraiment le point qui me fait encore plus douter. Je suis plus inquiet pour la carcasse que pour le moteur. Le corps est vraiment poussé à l’extrême. Au bas mot ce sera 13-14h d’efforts continus, un truc vertigineux auquel il ne vaut mieux pas penser.
  • Diététique : s’alimenter régulièrement, intelligemment, maintenir le stock d’énergie au mieux pour retarder l’épuisement. Sans expérience, il faudra bien travailler ce point et appliquer le plan de façon très scolaire.
  • Mental : gérer la peur et le stress qui vont avec ce genre d’événements. J’ai déjà du gérer cela, en 2021 par exemple, lors du Vercorsman. Mais ici je franchis encore une étape (+2km de natation, +60km de vélo, +21km de course). Gérer la lassitude : c’est une vraie question. Courir s’est imposé à moi puisque je voulais goûter au triathlon. Mais je n’y suis pas venu pour la course, je n’aime pas vraiment ça. Et là, je vais devoir réaliser le premier marathon de ma vie, tout cela dans un état de fatigue avancé. Comment puiser dans ses ressources ? Comment trouver un sens à ce que l’on est en train de faire quand ce n’est pas votre tasse de thé ? Ce défi là, je l’ai résolu simplement. Si ça me gonfle, eh bien j’arrête, c’est aussi simple que cela 🙂
  • Logistique : aucune préparation spécifique, je me le refuse. Pour la très longue distance, on entend souvent parler d’une année complète rythmée autour de cet objectif, des sacrifices familiaux, un volume d’entraînement énorme. Rien de tout cela, moi il faudra que ça passe ou que ça casse avec mes 4-8h d’entraînement hebdo, mes 15 jours de vacances en juillet (épreuve programmée le 15 Août) avec les petits restos et les petites glaces ou gourmandises sucrées qui vont avec, les barbecues des beaux jours, les ptits apéros.

Embrunman : où en est-on ?

Pourquoi donc je te parle de l’Embrunman aujourd’hui ? Et bien tout simplement puisqu’après des semaines de réflexion et de doute, j’ai enfin trouvé cet instant furtif de folie où tu remplis ton formulaire d’inscription. Tu saisis timidement le code de la CB, tu règles tes 400€ de frais d’inscription et l’aventure commence !

Le 27 mars 2022 à 22h00, je suis officiellement propulsé sur la starting list de la 38ème édition de l’Embrunman.

Il me reste donc 135 jours avant ce qui sera sans doute mon unique défi extrême.

Alors tous à Embrun le 15 Août 2022 pour m’encourager ! (Non je sais bien que vous saurez tous sur la plage en train de bronzer 😉 )

15 réflexions sur “Embrunman : le mythe à la française

  • Super challenge, on n’atteint pas ses limites, on en découvre toujours de nouvelles et puis on a qu’une vie, autant qu’elle soit palpitante. Moi je me suis arrêté aux L avec parmis eux, un Ventouxman mais je songe à l’XL malgré mes 50 balais. Profite de chaque instant.

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    • Le toujours plus a toujours été un non-sens pour moi, et puis la peur du regret et surtout la recherche des émotions (très) fortes m’a convaincu. Est-ce que le regret sera d’avoir mis la barre trop haute, on verra bien…

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  • Bravo pour votre Cheminement. Le faire pour les autres, repousse toutes les limites… . bonne preparation à vous : Embrunman le mien….
    youtu.be/7uciFy-Dx1Q
    Embrunman 2014

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    • Bravo d’avoir été finisher ! Merci pour le partage.

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  • Très beau défi ! Où est ce que tu en es aujourd’hui ?
    Je souhaite moi même m’attaquer à un défi comme le tien. Comment as tu planifié ta prépa ?

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    • Désolé, je suis un peu un instinctif, très peu pour moi les programmes. Bien entendu je sais à peu près ce que je dois faire mais planifier, non. 2M en juin, un peu de grimpette dans les Alpes, un L en juillet, puis les vacances et au retour, ce sera le verdict du 15 Août.

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    • Philippe PERROUD

      Super comme programme
      J’ai moi-même été finisher en 2005
      Ne lâche rien, partir positif,et tout ira bien

      Philippe Perroud

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      • Merci pour le message d’encouragement. Débrancher un peu le cerveau aussi, ça doit servir, non ?

    • je pense qu il faut rester humble face à l Embrunman. C est effectivement très dur physiquement: le dénivelé, la chaleur, et mentalement aussi. Surtout sans expérience de cette distance.
      Je l ai fait 2 fois en entier , une fois abandonné car en off * 2020 , épreuve annulée 15 jours avant. 25% d abandons chaque année. Un conseil : faire le parcours avant, vélo et cap, même en plusieurs fois. Bon courage !

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      • Merci pour le message. Malheureusement, je n’aurais pas le temps de faire une reconnaissance. Je connais l’Izoard, c’est ma seule connaissance du parcours. Plus qu’humble, on est quand même un peu fébrile avant de partir même si on est motivé.

      • Bonjour la communauté du plus. Plus loin , plus fort, plus haut. Je m’engage comme toi dans cette aventure avec mes peurs et les certitudes. J’envisage d’être Finisher en 15 ou 16 heures , le podium a seulement 3 marches, on tiendrait pas tous dessus 😉. Comme tu le dis des sacrifices. Je fais du Tri depuis peu et Bing, un jour je me retrouve à m’inscrire à ce défi fou. Tout petit je les voyais ces supers héros partir dans la nuit et revenir parfois blessés , dans la nuit. Cette année ce sera mon tour. Il reste un mois, dernière ligne droite, c’est décidé je maintiens chocolat et bière très occasionnellement… Je stoppe le reste. En fait dans cette épreuve tout me fait peur, peut-être dois-je vivre cette aventure en me disant que le but premier est le bonheur d’y être. D’être là avec tous ces coureurs qui à leurs manières cherchent tous une réponse à quelque chose. Je te souhaite beaucoup de motivation, tiens bon , on sera finishers, et on marchera sur le toit du Monde. Sportivement.Christophe.

  • Sacré défi que tu vas relever et réussir j’en suis sûre !! 😉

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    • Bien malin qui pourrait le savoir. On verra bien, de toute façon, quand on a envie il faut y aller ! Merci !

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    • Ayant participé 3 fois et ayant terminé deux fois, le seul conseil que je peux vous donner c’est de partir sur place un mois avant et de connaître par cœur le parcours vélo car toute réussite dépend essentiellement de la partie vélo.

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      • Merci pour les conseils ! J’y suis arrivé 😉

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